En mai 2024, lors de notre Assemblée des communautés annuelle, nous avons proposé aux communautés labellisées d’échanger autour du sujet « Faire réseau, se soutenir localement ». Retrouvez ci-dessous la synthèse de ces échanges.
Les questions posées étaient : quelle expertise/compétence pourrais-je partager avec d’autres ? Quels seraient mes besoins vis-à-vis du réseau local ?
Les riches discussions révèlent l’étendue des talents des communautés Église verte : des talents qu’on retrouve un peu partout en France, d’autres très spécifiques à une structure… et l’envie partagée de se rencontrer et de se soutenir entre communautés voisines, de façon œcuménique. Nous rendons grâce pour ce temps d’échange très fructueux !
Parmi les compétences et expertises, on peut noter :
Évidemment, l’organisation de célébrations pour la Création ! Choix des textes bibliques (quand possible), des prières, des chants, des gestes, de l’homélie/prédication, de la décoration… Le Temps pour la Création (1er sept – 4 oct) est l’occasion de proposer chaque année une célébration ou un programme entier, sur un w-e ou plusieurs semaines. On peut citer : monter une chorale d’un jour pour louer Dieu pour sa création lors de la messe de Pâques (St Françoise d’Assise à Antony), créer une liturgie de culte spéciale Temps pour la Création (Lyon Rive gauche).
Des communautés organisent des études bibliques pour réfléchir aux sujets écologiques : travail sur la place de l’eau dans les textes à Saint Hermeland par exemple, une équipe Église verte de Dax a animé la partie sur l’écologie du synode diocésain. On observe également une compétence d’organisation de parcours spirituel : la série vidéo « des arbres qui marchent » se déploie très bien et plaît beaucoup (ND des Neiges à Marseille, Montigny-Voisins dans les Yvelines…), le parcours d’initiation « Le Christ vert » se déploie également, on note des parcours émergents autour des épisodes de « Générations Laudato Si’ », et des parcours créés par les paroisses elles-mêmes, comme le parcours Laudato Si’ mensuel de St François des Odons (Caen), avec un temps de réflexion général suivi d’un temps d’engagement paroissial.
Les communautés Église verte disposent de nombreuses compétences en organisation d’événements. Plusieurs marquent systématiquement le coup lors du Temps pour la Création, par exemple au couvent de Reinacker (Sœurs de St François d’Assise), qui organise chaque année le « mois de la création » avec conférences, ateliers, spectacles, exposition autour de la Création, ateliers pédagogiques avec des jeunes autour du jardin, messe en plein air… Certaines équipes Église verte se proposent pour organiser la sortie paroissiale annuelle sur un thème écologique. Les balades contemplatives sont des propositions maîtrisées par de nombreuses communautés, la marche du Temps profond commence à être connue.
La Fresque du climat prend bien partout en paroisse et sert parfois de premier événement Église verte, tout comme la projection du film « La Lettre ». Des communautés des Landes organisent ensemble un ramassage annuel de déchets sur les plages, action qu’on retrouve un peu partout en France. Les communautés sont également nombreuses à tenir des stands Église verte lors de kermesses, journées d’amitié… durant lesquels on peut par exemple fabriquer des produits d’hygiène ou cosmétique soi-même, avec peu d’ingrédients.
On peut noter divers événements originaux partout en France :
- une soirée témoignage sur comment vivre l’écologie au travail (Châtillon) ;
- des conférences avec des intervenants experts et reconnus sur leur sujet, comme par exemple à Nantes, sur le désinvestissement des énergies fossiles avec Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance et Nicolas Perenchio, économe du diocèse, organisée par le groupe diocésain « Écologie et paroles de chrétiens », en lien avec les paroisses Église verte
- dans le Val de Marne, l’initiation d’une coordination œcuménique au niveau départemental avec l’évêque, les pasteurs (dont l’espace Martin Luther King, très grande église), les prêtres, sur les sujets écologiques et le Temps pour la Création
- une collecte d’équipements numériques hors d’usage en partenariat avec Emmaüs, ouverte au quartier (ND de l’Arche d’Alliance à Paris)
- un atelier de confection de déco de Noël écologique, sur trois dimanches de l’Avent, au temple d’Aix en partenariat avec l’office du tourisme
- à Toulouse, des événements communs aux paroisses Église verte et au CCFD-Terre solidaire : projection de films, visite d’un jardin partagé…
- à Toulouse également, une bourse de livres religieux (les gens apportent ceux qu’ils ne lisent plus et achètent à prix modeste ceux qu’ils souhaitent) : le montant de la vente a été affecté à Église verte, un moyen intéressant de soutenir l’association et de de donner une seconde vie aux livres.
- une friperie/troc de vêtements à l’Institution Sainte Marie d’Antony
- des ateliers « comment ça marche », pour décortiquer des sujets écologiques de l’amont à l’aval, à Notre-Dame de la Baie (Côtes d’Armor), en partenariat avec l’agence locale de l’environnement. Sur l’énergie, sur l’eau…
Les lieux d’accueil ont partagé des compétences qui leur sont propres : mise en place de repas végétariens le soir au centre du Cénacle à Versailles ; organisations de retraites autour de l’écologie un peu partout (voir agenda) ; pour les équipes unionistes luthériennes (Saverne), programme de classes vertes en lien avec l’éducation nationale et de façon générale, une harmonisation écologique entre les valeurs, la logistique et le contenu des séjours. Au Carmel de Verdun, au fil des années d’engagement Église verte (depuis 2018), une véritable expertise sur la gestion des bâtiments a été développée : réalisation d’un audit énergétique, changement de 114 fenêtres, changement des ampoules, chasses d’eau + économiques, isolation d’une partie des combles qui restait à faire, isolation du réseau d’eau du chauffage en sous-sol, isolation des planchers bas, changement de 5 portes, isolation de 12 vitraux par double vitrage extérieur. Au niveau des déchets, certaines paroisses ont réussi l’abandon de la vaisselle jetable, sujet qui est plus compliqué qu’il n’y paraît en paroisse ! Le tri des déchets harmonisé dans les bâtiments est une action partagée, ainsi que la mise en place d’un composteur, parfois avec le soutien des services municipaux, comme à Nancy.
En matière de jardin, les communautés Église verte regorgent de compétences qu’elles pourraient transmettre à d’autres : Sainte Marie de Doulon a créé un jardin paroissial pédagogique qui permet aux enfants du caté de s’y impliquer. La paroisse Sainte Aldegonde de Maubeuge commence à cultiver des fleurs au jardin pour pouvoir fleurir l’église, mais note que cela nécessite du suivi. Les paroisses s’y connaissent également en compost, en récupération d’eau de pluie… Les récoltes du jardin partagé de l’Église protestante unie de Poissy sont partagées après certains cultes, la paroisse ND des Neiges à Marseille a lancé un jardin de méditation. A l’Espace Bernadette Soubirous de Nevers, on cultive de nombreuses plantes médicinales, certifiées Agriculture Biologique.
Quant à l’intergénérationnel : les bénévoles qui portent Église verte sont souvent retraités mais les grands événements et temps forts Église verte associent souvent les enfants et ados. Quand l’équipe Église verte ne compte pas de catéchiste/catéchète et que l’équipe veut faire quelque chose avec les enfants, il faut s’assurer de bien suivre et d’accompagner les catéchistes pour que le projet fonctionne. Les paroisses de Villepinte organisent chaque année une balade éco-spirituelle dans un grand parc à proximité avec prêtres, enfants du caté, parents.
Certains notent que les communautés pourraient plus utiliser les fiches pratiques d’Église verte, qui permettent de bien cerner un sujet et d’avoir des idées d’actions.
Quant aux besoins vis-à-vis du réseau local, les communautés Église verte ont toutes mentionné le besoin de rencontres fraternelles : « se regrouper entre églises vertes locales pour se donner Force et Espérance ». Leurs besoins précis sont de diverses natures : partage d’outils, d’agendas, de contacts, de conseils sur la démarche Église verte…
Les Franciscaines Missionnaires de Marie de La Madeleine (59) soulignent l’important de connaître les personnes ressources sur le territoire et d’envoyer au moins un membre de sa communauté suivre les formations Église verte (qui peut en faire un résumé pour les autres). La rencontre annuelle des communautés Église verte de Loire-Atlantique est d’une grande aide pour les paroisses, elle permet de créer du lien et s’entraider.
Un groupe note le besoin de ressources pour agrandir les groupes Église verte dans la paroisse et aller plus loin dans la démarche (voir à ce propos notre formation), ainsi que pour insuffler l’envie à d’autres de porter des projets écologiques, afin que l’équipe Église verte ne soit pas toujours la seule à agir.
Globalement, les rencontres fraternelles avec d’autres équipes Église verte sont fort appréciés. Être au courant des initiatives locales écologiques hors milieux ecclésiaux serait aussi utile. Une ambassadrice lyonnaise souligne que lorsque les communautés labellisées sont nombreuses sur un territoire restreint, il faut monter des équipes assez conséquentes pour organiser des propositions communes.
Pour les lieux d’accueil se pose la question de trouver des fournisseurs alimentaires écologiques. Un établissement scolaire aimerait échanger avec ses pairs. Certaines paroisses évoquent des besoins d’outils pédagogiques : par exemple pour les aumôneries de collège-lycée, ou pour faire connaître l’encyclique Laudato Si’… D’autres ont besoin d’animations et d’activités originales, certaines sont demandeuses d’idées pour tenir les paroissiens informés de la démarche Église verte (avancement + événements – voir notre formation Communication). Certaines ressentent le besoin de conférences avec des intervenants « connus » pour faire venir du monde, d’autres évoquent aussi ce besoin de conférences, mais pour que la parole « écolo » soit portée par d’autres que les membres déjà étiquetés écolos.
Certaines structures ont envie de pouvoir partager leur agenda Église verte avec les communautés voisines, soit pour organiser des choses ensemble, soit pour aller aux événements les uns des autres. Cela est possible via une lettre d’informations départementale, ce qu’ont déjà mis en place certains ambassadeurs et peut aussi passer par l’agenda participatif du site Église verte.
Pour les communautés qui démarrent, il y a un besoin d’échanger avec des communautés engagées depuis plus longtemps, pour savoir dès le début comment faire durer la démarche. Par exemple, les paroisses catholiques de Villepinte ont été « coachées » par l’animatrice de la démarche Église verte de l’Église protestante unie du Raincy. De la même façon, la paroisse catholique de Mennecy (Essonne) est appuyée dans sa démarche par celle de Cerny, membre du même groupement paroissial et qui s’est lancée dans Église verte une année avant.
Toutes les communautés sont invitées à se mettre en lien avec leurs voisines ! Cela peut être très simple comme très grand : un pique-nique ou dîner, suivre une formation Église verte ensemble, organiser une célébration œcuménique pour le Temps pour la Création… Les ambassadeurs Église verte peuvent également être sollicités à ce effet.
Merci à toutes les communautés qui ont participé aux temps d’échange en groupe lors de l’Assemblée.
N’hésitez pas à reprendre ces témoignages, à les diffuser autour de vous pour encourager d’autres communautés à rejoindre la démarche !
Article rédigé par J. Maupas