Église verte

 

Lecture : la joie parfaite selon François d’Assise

« Si la joie est exaltation, dilatatiocordis (dilatation du cœur), c’est donc que quelque chose à la fois nous précède, à la fois nous excède : quelque chose est là qui veut se donner. Voici la leçon de toute joie : l’origine est dans ce monde l’étranger qu’il nous faut accueillir si nous voulons exister enfin pleinement. L’objet propre de la joie, c’est donc l’être tel qu’il veut se répandre, se donner, être accueilli et être magnifié. En cela, la joie la plus vraie est bien la joie de vivre. Non pas de vivre ceci ou cela, mais de vivre, tout simplement, tout bonnement. D’avoir reçu l’être en partage, avec les pierres, les fleurs, les oiseaux, les passants dans ma rue. Cela, saint François d’Assise le nomme « la joie parfaite ». Vous en trouverez un exemple au chapitre 8 des petits récits que ses camarades nous ont laissé de sa vie, rassemblés sous le titre de fioretti. La joie parfaite résiste à l’adversité, aux contrariétés, à la pluie battante, au vent froid et aux injures, car pluie, vent et contrariétés supposent toutes déjà que nous ayons un corps assez vivant pour les sentir, une âme assez sensible pour en souffrir, un cœur assez aimant pour s’y ouvrir. »

Martin STEFFENS Mooc sur la joie du Campus des bernardins extraits texte Joie_3.1

Réflexion :

Comprendre que la joie parfaite est indépendante des circonstances extérieures est un premier pas, car elle s’ancre avant tout dans la gratitude pour le don de vie reçu du Créateur, et se suffit à elle-même comme le goût, terrestre et présent, de la joie éternelle du Royaume.

En ce sens, la joie parfaite de François ne serait-elle pas de recevoir, hic et nunc, tout ce que Dieu nous offre en l’instant, de Lui rendre grâce, en lien avec tous nos frères et sœurs humains, mais aussi avec toutes les créatures qui chantent sa louange ? “Les oiseaux le font bien mieux que nous ! “ dit François. Prenons exemple sur eux !

Plus loin encore, François nous permet de comprendre que la douleur, la maladie, la misère n’empêchent pas cette joie ; au contraire même parfois, elles lui donnent plus de profondeur. Submergé de gratitude, François exprimait souvent ce jaillissement de la joie par le chant, à l’image des oiseaux, un chant de louange au Créateur par et pour toutes les merveilles de ce monde, et qui trouve son paroxysme dans le “Cantique de frère Soleil”.

Pour François, joie et pauvreté sont indissociable, la seconde conditionnant la première. “La joie n’est pas dans les possessions qui engendrent une servitude et de la tristesse, mais dans le renoncement aux biens matériels qui procure la liberté et la paix” précise l’écrivain Sylvain Piron. Ne s’agit-il pas là des fondements de la sobriété heureuse qui sous-tend notre approche de l’écologie ? Exigeant pour notre époque ? Oui, bien sûr, mais se libérer des addictions du système productiviste/consumériste ne peut que nous rendre plus proches d’un mode de vie évangélique. Par la pratique du détachement, du contentement, de la confiance qu’amène la sobriété, l’écologie peut devenir un chemin de joie profonde.

“Moins de biens pour plus de lien”, slogan de notre époque, évoque également cette joie qui caractérisaient les relations entre les compagnons de François. La joie d’être et la joie d’être ensemble se complètent et permettent de traverser collectivement les épreuves.

Pistes d’actions :

Je me laisse ouvrir et toucher par ces infimes moments de grâce où, malgré les circonstances de ma vie, j’ai le goût d’une joie profonde et inexplicable qui palpite dans mon cœur, notamment au contact de la Création : la lumière qui filtre dans les feuilles d’un arbre, le chant d’un oiseau, le sourire d’un enfant…, tout signe de sa présence amoureuse.

Je me laisse transformer par les rencontres, les épreuves, les difficultés… en observant comment le fait de ne pas me complaire dans la tristesse peut me permettre d’ouvrir des portes nouvelles d’espérance et de résilience.

Je peux, à l’occasion des fêtes pascales, ressentir la joie profonde de la résurrection.

Pour m’aider à retrouver l’esprit et la joie de François, je peux relire divers ouvrages : “le très Bas” de Christian Bobin, ou “Frère François” de Julien Green, les ouvrages d’Eloi Leclerc ou de François Cheng, et me replonger dans “ Les Onze Fioretti de François d’Assise » de Rossellini. Je peux aussi faire du “Cantique de frère Soleil” ma prière quotidienne et continuer à l’écrire en l’ouvrant toutes les autres créatures terrestres.

Nourri de cet esprit de joie, je peux m’engager dans des actions créatives (Fresques des nouveaux récits, Fresque des solutions, Néologik ou tout autre outil collaboratif sur le site https://enjeu.cc/).

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C’est le dernier article de cette série de Carême ! Vous pourrez les relire et les méditer lors de la semaine sainte. Merci à Chrétiens Unis pour la Terre de nous avoir proposé ce partenariat. N’hésitez pas à nous écrire un commentaire via notre formulaire de contact, nous nous réjouissons de vous lire.

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