Lecture :
« Il y a bel et bien des plaisirs joyeux : si, au jour de mon mariage, le vin est bon, je ne vais pas le bouder. Mais celui que je bois au jour de notre rupture aura beau être un excellent cru, en tant que plaisir triste, il agit comme un vinaigre sur la plaie. C’est donc que la joie, et non le plaisir, est le vrai critère pour parvenir au bonheur. Être heureux, c’est regarder sa vie passée, sa vie présente et les perspectives qu’elle ouvre et se dire : « Tout cela est bon. » La formule du bonheur est la suivante : « tout compte fait ». Tout compte fait, il est bon que cette vie soit la mienne. En cela, la plénitude du bonheur exige une certaine sagesse. On sera heureux en conformant nos désirs à ce qu’il nous est possible d’obtenir durant cette vie. La joie, au contraire, c’est maintenant. Elle est l’étreinte soudaine. Comme le bonheur, elle nous réconcilie avec le tout de notre vie. »
Martin STEFFENS, Mooc sur la joie du Campus des bernardins extraits, texte Joie 1.2
Réflexion :
Si le désir est insatiable, la joie quant à elle n’a pas la folie des grandeurs, mais nous invite à faire avec ce que nous sommes, ce que nous vivons, ce que nous avons. Son marchepied est sans doute l’humilité, mise à mal dans notre société où la tentation du « toujours plus », de la domination sans limite et de l’exploitation du vivant est grande.
La formule désormais bien connue de la « sobriété heureuse » est proche du message que le Pape François partage dans son encyclique Laudato Si’ (222) : « la spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter, de ralentir pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose d’éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs. »
Aussi, nous pouvons nous interroger sur nos désirs, leur orientation vis-à-vis de notre foi, et ce qui fait notre joie.
Pistes d’actions :
À table se relient joie et plaisirs. À l’invitation du Pape François (Laudato Si’ 227), je rends grâce au Créateur avant et après mes repas : « ce moment de la bénédiction, bien qu’il soit très bref, nous rappelle notre dépendance de Dieu pour la vie, il fortifie notre sentiment de gratitude pour les dons de la création, reconnaît ceux qui par leur travail fournissent ces biens, et renforce la solidarité avec ceux qui sont le plus dans le besoin ».
En prenant le temps de cuisiner, je m’émerveille des couleurs, odeurs et saveurs des fruits et légumes de cette saison. Conscient du don de la vie fait à chaque créature par le Seigneur, je peux jeûner de viande et de poisson, et je fais le choix d’acheter des produits bio et locaux autant que possible. Enfin, dans la joie du partage, je peux convier des amis autour d’un repas en toute simplicité.