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Enjeux écologiques et spirituels
Puis Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. […] Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Genèse 1.
Est-ce aux communautés chrétiennes, qui ne possèdent souvent que des surfaces limitées, souvent au cœur des villes et des villages, de se préoccuper de biodiversité ? Leur rôle n’est-il pas condamné à l’insignifiance ?
La vie sauvage est sous pression. L’Europe a perdu d’un tiers à la moitié de ses animaux en quarante ans. Les écosystèmes, dont dépend toute l’économie humaine, sont en grand danger. Pour les préserver, chaque action compte.
Urbains ou ruraux, tous les milieux « bâtis », habités par l’homme moderne, peuvent devenir, avec un peu d’attention, des « petits coins de nature » qui seront autant de maillons privilégiés de la vaste trame du vivant.
Comment alors les valoriser au mieux pour en faire des petits jardins d’Eden, en bons garants de la création confiée par Dieu ?
Graines de Sénevé
« Cultiver et garder » (l’un des mandats confiés par Dieu à l’humanité) concerne notamment notre responsabilité sur le monde sauvage, or nos siècles industriels semblent acculer ce dernier à une inéluctable extinction.
La science enseigne que c’est la disparition de leurs milieux de vie qui entraîne l’écroulement de la faune et de la flore que nous observons depuis un siècle. Cette vie qui coexistait depuis toujours à nos côtés et nous prodiguait ses services (par exemple la pollinisation de nos jardins et vergers) n’y parvient plus.
Comme nos emplois du temps surchargés, l’espace tout entier semble accaparé par le seul impératif de produire et produire encore. Comment y glisser, comme autant de graines de sénevé, des oasis consacrés à ces êtres qui nous sont confiés ?
À savoir
Quelques principes
La biodiversité : ce mot désigne la « diversité du vivant », qui comprend les « milieux » (écosystèmes), la diversité des espèces et la diversité génétique au sein des espèces.
L’importance de la biodiversité : plus un espace (le jardin, la ville, le champ, la forêt, le pays…) contiendra d’espèces différentes, plus il sera résilient, apte à résister aux agressions et aux situations extrêmes.
Où que nous soyons, nous faisons partie de cet écosystème et donc allons bénéficier de ces bienfaits. Sans eux, notre espèce ne survivrait même pas.
Connaître les espèces, les relations qui les unissent, c’est la science appelée écologie. Les découvrir, c’est aussi s’émerveiller de leur beauté, de leurs modes de vie étonnants. Cela nous rappellera aussi à quel point la création est riche et bonne.
Diagnostic et conseils
Pour agir, il faut connaître. Si l’on n’a pas d’expert sous la main, on pourra faire appel à l’association de protection de la nature locale (souvent la LPO) qui pourra conseiller les actions les plus appropriées au contexte. Toutefois certaines actions simples peuvent être entreprises partout.
L’idée générale sera de lâcher la bride, dans une certaine mesure, à la végétation spontanée, et de rendre les bâtiments plus accueillants, notamment pour les oiseaux et les chauves-souris qui, peut-être, les utilisent déjà.
Protégés !
Rares sont les églises ou les bâtiments un peu anciens qui n’accueillent pas, même en pleine ville, des chauves-souris, parfois en grand nombre. Bien d’autres oiseaux que les pigeons peuvent y vivre aussi : rougequeues, hirondelles, martinets, chouettes et même serpents. La plupart sont protégés par la loi. Il faut permettre leur maintien, notamment lors de travaux. Là encore les associations peuvent apporter leur aide. Bonne nouvelle : les chauves-souris sous le toit, c’est autant de milliers de moustiques en moins !
Quelques ressources
Pour protéger la biodiversité dans son jardin, et jusque sur son balcon, il existe un grand nombre d’outils et de techniques désormais bien maîtrisées et efficaces.
Notre Église peut agir
« Écouter et observer le terrain » : identifier les espèces présentes, notamment celles qui sont rares et/ou protégées. Observer les autres espaces naturels à proximité. Faire si possible une évaluation écologique plus approfondie.
En priorité, éviter les apports chimiques (engrais, produits phytosanitaires) et l’anti-limaces (tueur de hérissons) et privilégier l’apport de matière organique (issue notamment d’un compost à organiser sur le site).
Éliminer sur le terrain tout élément non naturel (plastiques, ferrailles, matériaux de construction etc)
Identifier les actions, lieu par lieu : où va-t-on planter quelques arbustes, réduire le nombre de fauches, poser des nichoirs ou des gîtes ?
Protéger certaines parties du terrain des agressions indésirables (piétinement humain, chiens, chats…)
Poser des nichoirs (tenir compte des espèces attendues), des mangeoires en hiver (en veillant à ce qu’elles ne deviennent pas le terrain de chasse des chats !)
Repérer la présence dans les bâtiments de chauves-souris et faire le nécessaire pour la pérenniser (contacter une association de spécialistes)
Installer des hôtels à insectes plutôt que des ruches à abeilles domestiques qui pourraient concurrencer les espèces sauvages, voire une spirale à insectes (muret en pierres sèches en spirale rempli de terre plantée d’herbes aromatiques)
Planter des arbres et des arbustes de diverses espèces, d’essences sauvages locales (prunellier, aubépine, fusain…) créer des haies diversifiées. Éviter les exogènes et les cultivars, que la faune sauvage ne sait pas utiliser.
Envisager la végétalisation des murs, des toitures. Beaucoup de collectivités ou de CAUE proposent des conseils dans ce sens tout à fait compatibles avec la bonne santé du bâti.
Laisser aussi des « espaces libres » sur lesquelles vont pousser naturellement des espèces locales, graminées, orchidées, orties, des mousses etc.
Faucher moins souvent certaines zones : deux fauches par an maximum, une en juin, une en septembre, permettent à la flore et aux insectes d’accomplir leur cycle vital.
Créer une mare, de 50-80 cm de profondeur, avec des berges en pente douce (très important). Les insectes prédateurs y précéderont et réguleront les moustiques ! Pas de poissons : ils dévoreraient œufs d’amphibiens et insectes. S’il y a déjà un bassin, ménager au besoin un plan incliné (planchette rugueuse) qui permet à un animal tombé à l’eau d’en sortir.
Si l’espace est suffisant, s’attendre à voir arriver de bons amis tels que les hérissons, crapauds ou tritons ! Laisser des tas de feuilles mortes pour les hérissons en hiver.
Organiser de temps en temps un « chantier » pour améliorer votre espace sauvage avec des bénévoles qui s’y passionneront. Impliquer les scouts, les jeunes…
En général, revendre la tondeuse à gazon et le pulvérisateur sur leboncoin…
Élaborer un « plan de gestion » : Définir le style d’écosystème désiré, ce qu’on attend particulièrement de cet espace naturel, identifier les contraintes et les limites des tâches de gestion et d’entretien.
Faire un suivi régulier de l’apparition et de l’évolution des espèces, noter et transmettre ces informations au Muséum.
Informer tout le monde des actions entreprises et des petites bêtes qui peuvent se manifester, y compris orvets et serpents. Ceux-ci aussi sont protégés. L’arrivée d’une vipère est improbable…
Réjouissez-vous, rendez grâce, et parlez en aux membres de votre communauté !
D’autres ressources
- Refuge LPO pour la biodiversité de proximité
- Des nichoirs de toutes sortes
- Créer un HLM à chauves-souris
- Créer un hôtel à insectes
- Guides biodiversité bâti et paysage urbains
- Programme Vigie Nature
- Et avec les serpents, on fait quoi ?
- Qu’est ce que la gestion différenciée ?
Ils l’ont fait
Incroyable, et difficilement transposable chez nous… mais la rampe de lancement d’A Rocha au Royaume Uni a été d’avoir transformé un parc de 15 ha au centre de Londres, Minet Country Park, d’un terrain vague devenu décharge sauvage, en un superbe espace naturel sauvage. Des bonnes idées à prendre.
Plus modestement, la paroisse Saint-Gabriel de Vaise (Lyon) et la LPO Rhône ont posé un nichoir à Faucon pèlerin sur le clocher de l’église de l’Annonciation.
Découvrez également l’engagement de la paroisse Sainte-Maxime en faveur de la biodiversité dans l’article de Var Matin d’octobre 2023 « L’église verte de Sainte-Maxime, sanctuaire de la vie sauvage »
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