3 rencontres pour comprendre la crise écologique et passer à l’action
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Cette annexe est un complément à la fiche pratique consacrée à The Week. Nous vous présentons ici des éléments qui vous permettront d’ajouter la dimension spirituelle à vos soirées The Week.
Ce complément s’articule en quatre parties. La première présente des propositions de prières pour ouvrir et clore les soirées et les trois autres des références bibliques (toutes issues de la Traduction Œcuménique de la Bible) et chrétiennes, qui replacent la question écologique dans une perspective spirituelle pour chacune des soirées.
Nous avons choisi un grand nombre de textes issus de la Bible, de diverses époques et des trois confessions.
Nous vous conseillons de ne garder qu’un ou deux textes par soirée qui pourront être intégrés à votre communication et au parcours. Ceci reste optionnel. De la même manière, plusieurs questions sont proposées pour animer les temps en fin de films. Il est important de ne sélectionner que celles qui vous parlent plus particulièrement.
Prières
Vous pouvez lire une prière en guise d’introduction et de conclusion. Vous pouvez en rédiger une ou vous inspirer de celles existantes, telles les prières Église verte ou pour la Création.
Textes chrétiens
Pour mémoire, le parcours est articulé en trois soirées permettant d’aborder les étapes suivantes :
- faire un état des lieux de la situation environnementale
- comprendre comment nous en sommes arrivés là
- nous inciter à passer à l’action en nous montrant ce qu’il est possible de faire
Dans les références de textes, LS correspond à Laudato Si’ et LD à Laudate Deum, 2 textes du pape François.
Les textes sont de natures diverses, mais chacun nous a semblé apporter un éclairage différent et peuvent aider à la discussion.
Rencontre 1 : état des lieux de la situation environnementale
Propositions de textes bibliques
Nos transgressions dévorent la terre
« La terre en deuil se dégrade, le monde entier dépérit et se dégrade, avec la terre dépérissent les hauteurs. La terre a été profanée sous les pieds de ses habitants, car ils ont transgressé les lois, ils ont tourné les préceptes, ils ont rompu l’alliance perpétuelle. C’est pourquoi la malédiction dévore la terre, ceux qui l’habitent en portent la peine. C’est pourquoi les habitants de la terre se consument, il n’en reste que très peu. Le vin nouveau est en deuil, la vigne dépérit, tous les bons vivants gémissent. » Is 24, 4-7
(voir aussi Os 4, 1-3 ; Jr 12, 4 ; Gn 6, 11-13)
Christ et tous ses membres souffrent
« Mais Dieu a composé le corps en donnant plus d’honneur à ce qui en manque, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient un commun souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est glorifié, tous les membres partagent sa joie. Or vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. » 1Co 12, 24-27
Pour cette première vidéo, nous n’avons délibérément pas mis de textes qui appellent à l’espérance chrétienne, pour rester en cohérence avec la démarche proposée par The Week. Il est prématuré à ce stade de parler de solution. Si malgré tout, parce que ce qui est présenté est difficile, vous avez besoin de ce type de texte, n’hésitez pas à aller voir dans les références proposées pour la rencontre 3.
Propositions d’autres textes chrétiens
La Création et les pauvres souffrent
« Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. (…) La violence qu’il y a dans le cœur humain blessé par le péché se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui « gémit en travail d’enfantement » (Rm 8, 22). » LS 2
Migrations provoquées par la crise climatique
« Par exemple, les changements du climat provoquent des migrations d’animaux et de végétaux qui ne peuvent pas toujours s’adapter, et cela affecte à leur tour les moyens de production des plus pauvres, qui se voient aussi obligés d’émigrer avec une grande incertitude pour leur avenir et pour l’avenir de leurs enfants. L’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation environnementale, est tragique ; ces migrants ne sont pas reconnus comme réfugiés par les conventions internationales et ils portent le poids de leurs vies à la dérive, sans aucune protection légale. Malheureusement, il y a une indifférence générale face à ces tragédies qui se produisent en ce moment dans diverses parties du monde. Le manque de réactions face à ces drames de nos frères et sœurs est un signe de la perte de ce sens de responsabilité à l’égard de nos semblables, sur lequel se fonde toute société civile. » LS 25
Transformation de la crise en souffrance personnelle
« L’objectif n’est pas de recueillir des informations ni de satisfaire notre curiosité, mais de prendre une douloureuse conscience, d’oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde, et ainsi de reconnaître la contribution que chacun peut apporter.» LS 19
Perte de biodiversité
« A cause de nous, des milliers d’espèces ne rendront plus gloire à Dieu par leur existence et ne pourront plus nous communiquer leur propre message. Nous n’en avons pas le droit.» LS 33
Lien entre écologie et économie
« Le comportement et les attitudes de l’homme envers le créé influencent et reflètent les attitudes et le comportement de l’homme envers les autres hommes. L’écologie est nécessairement liée, comme l’indique l’étymologie et la signification du mot, à l’économie – or, la globalisation économique que nous connaissons est tout simplement en train d’excéder la capacité de notre planète à la subir. L’enjeu n’est pas notre seule aptitude à vivre de façon durable, mais notre survie elle-même.» Patriarche œcuménique Bartholomée, “Et Dieu vit que cela était bon”, 2014 (Cerf) p. 49
Position du dominateur
« Déjà, dans les textes prophétiques, on remarque que la critique sociale et la critique religieuse se fondent l’une dans l’autre, comme si elles renvoyaient à une pratique homogène: celui qui brutalise l’autre et veut le faire marcher à la baguette, essaye aussi de mettre la main sur Dieu, en en faisant un dieu à sa mesure et qui obéit à ses ordres. Cette continuité est particulièrement évidente dans les tentations que le diable adresse au Christ, au début de l’évangile : «Si tu es le fils de Dieu, ordonne à ses pierres de se changer en pain»; «Si tu es le fils de Dieu, qu’il donne des ordres à ses anges à ton profit»; «Je te donnerai tous les royaumes du monde avec leur gloire si tu te prosternes et m’adores» (Mt 4,1-11). On retrouve la volonté de donner des ordres et de maîtriser la nature, puis de donner des ordres à Dieu et, enfin, de dominer les autres. (…) Celui qui veut faire plier Dieu, veut faire plier les autres et la nature aussi bien. La famille des dieux Baals était, de ce point de vue, idéale : divinités agricoles ils étaient adaptés à la demande des cultivateurs qui se forgeaient, ainsi, un dieu à leur mesure. (…) Et, donc, ce que nous disent les textes prophétiques, c’est que la nature, conduite par Dieu qui est son créateur, résiste à l’emprise et à la domination qu’on veut lui imposer en devenant moins productive. Dieu est le créateur de tous les hommes (et y compris du pauvre), des végétaux et des animaux et il échappe à notre emprise.» Frédéric de Coninck, Prédation environnementale et prédation sociale : deux attitudes liées l’une à l’autre, Forum protestant, 13/02/23
Vivre la transition tous ensemble
« L’idée de notre impuissance apparente à exercer une influence sur les conditions économiques ne nous décourage pas. Nous savons que cet état des choses résulte, pour une large part, de ce que, dans le passé, les faits se heurtaient aux faits et les passions aux passions. Notre impuissance à les dominer est la conséquence de notre sens de la réalité objective. Notre autorité sera beaucoup plus grande quand nous aurons décidé d’aborder les problèmes dans un esprit nouveau. […] Il ne nous reste qu’une seule chose à faire, c’est une volte-face radicale pour essayer de trouver des réponses adéquates, grâce à une compréhension et une confiance mutuelles. […] C’est seulement par le respect de la vie que l’on peut acquérir les critères de la justice économique qui devra nous permettre de nous entendre les uns avec les autres. Nous sera-t-il possible de réaliser une pareille évolution ? C’est une nécessité pour nous si nous ne voulons pas, tous ensemble, périr matériellement et spirituellement. Tous les progrès de la science et de la technique finiront par avoir des conséquences fatales si nous n’en gardons pas le contrôle par un progrès constant de notre spiritualité.» Albert Schweitzer, La civilisation et l’éthique, trad. Madeleine Horst [Kulturphilosophie. Verfall und Wiederaufbau der Kultur, Bern, 1923], Colmar, Alsatia, 1976, p. 201-202.
Nous pensions bien faire
« Depuis peu nous nous demandons, angoissés, si nous avions le droit de faire tout ce que nous avons fait. Cette question ne concerne pas un mal que nous aurions fait sciemment, mais concerne ce que nous avons fait en pensant bien faire ou sans grande réflexion, dans la foi au progrès, dans l’exaltante marche victorieuse de la biotechnique et de la médecine, de l’industrialisation et de l’exploitation de la terre. Notre puissance dans la domination sur la nature nous a grisés ; nous nous sommes considérés comme tout-puissants. La conscience de son autonomie et l’inconscience sont les erreurs décisives de l’humanité qui a cru pouvoir se passer des lois biologiques et éthiques données et qui s’est fait ses propres lois. Nos difficultés présentes sont la conséquence de notre oubli orgueilleux de la transcendance.» Joachim Illies, Lutherische Monatshefte, Nov 1971, p. 576s.
L’Église est concernée par la crise
« Les victimes du changement climatique sont le nouveau visage des pauvres, des veuves et des étrangers qui sont particulièrement aimés et pris en charge par Dieu (Deutéronome 10:17-18). Lorsque la création est menacée de cette manière, les Églises sont appelées à s’exprimer et à agir pour exprimer leur engagement en faveur de la vie, de la justice et de la paix. Par conséquent la 10e Assemblée du Conseil œcuménique des Églises, réunie à Busan, en République de Corée, du 30 octobre au 8 novembre 2013, réitère l’expression de la préoccupation des Eglises face au changement climatique et à ses effets néfastes sur l’ensemble de la création et en particulier sur les communautés vulnérables dans de nombreuses régions du monde ; encourage les Églises membres à soutenir le rôle du COE dans la réalisation d’un pèlerinage œcuménique pour la justice et la paix, afin de renforcer les liens entre les Églises et les communautés de diverses parties du monde qui travaillent ensemble pour prendre soin de la création et de l’écojustice.» Déclaration de la 10e Assemblée du COE dans le cadre du rapport de la Commission des questions d’actualité, Busan, 2013
Questions
Nous faisons figurer ici les questions proposées par The Week et celles que nous avons imaginées. Il est important de n’en conserver qu’une ou deux en plus de celle sur les émotions.
Questions proposées par The Week
Quel est le nom de l’enfant auquel vous avez pensé ? Quel sera son âge en 2050 ? Quand vous pensez à l’avenir qui se dessine pour vous et pour cet enfant, qu’est-ce que vous ressentez ?
Propositions de questions
- Comment vous sentez-vous après cette vidéo ? Quelle émotion domine ? Qu’est ce qui vous a touché / marqué dans la vidéo ?
- Après cette vidéo, qu’avez-vous à dire en pensant à un enfant proche de vous, aux générations futures ?
- A quel épisode biblique pensez-vous en regardant cette vidéo ? Quel parallèle et quelle différence pouvez-vous faire avec la situation actuelle ? Cela vous inspire-t-il ?
Rencontre 2 : comment en sommes-nous arrivés là ?
Propositions de textes bibliques
Nos façons d’agir ne sont pas correctes
« Mais vous dites : “La façon d’agir du Seigneur n’est pas correcte !” Écoutez, maison d’Israël : Est-ce ma façon d’agir qui n’est pas correcte ? Ce sont vos façons d’agir qui ne sont pas correctes. Quand le juste se détourne de sa justice, commet l’injustice et en meurt, c’est bien à cause de l’injustice qu’il a commise qu’il meurt. Quand le méchant se détourne de la méchanceté qu’il avait commise et qu’il accomplit droit et justice, il obtiendra la vie. Il s’est rendu compte de toutes ses rébellions et s’en est détourné : certainement il vivra, il ne mourra pas. Mais la maison d’Israël dit : “La façon d’agir du Seigneur n’est pas correcte.” Est-ce mes façons d’agir qui ne sont pas correctes, maison d’Israël ? Ce sont vos façons d’agir qui ne sont pas correctes. C’est pourquoi je vous jugerai, chacun selon ses chemins, maison d’Israël, oracle du Seigneur Dieu. Revenez, détournez-vous de toutes vos rébellions, et l’obstacle qui vous fait pécher n’existera plus. Rejetez le poids de toutes vos rébellions ; faites-vous un cœur neuf et un esprit neuf ; pourquoi devriez-vous mourir, maison d’Israël ? Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt – oracle du Seigneur Dieu ; revenez donc et vivez ! » Ez 18, 25-32
Que dois-je faire ?
« Et voici qu’un homme s’approcha de lui et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur le bon ? Unique est celui qui est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. » – « Lesquels ? » lui dit-il. Jésus répondit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne voleras pas. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Enfin : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé. Que me manque-t-il encore ? » Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! » A cette parole, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » Mat 19, 16-22
Propositions de textes chrétiens
Un terrible pouvoir
« Mais nous ne pouvons pas ignorer que l’énergie nucléaire, la biotechnologie, l’informatique, la connaissance de notre propre ADN et d’autres capacités que nous avons acquises, nous donnent un terrible pouvoir. Mieux, elles donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité
et sur le monde entier. Jamais l’humanité n’a eu autant de pouvoir sur elle-même et rien ne garantit qu’elle s’en servira toujours bien, surtout si l’on considère la manière dont elle est en train de l’utiliser.» LS 104
Développer la conscience de ses propres limites
[…] l’immense progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience. Chaque époque tend à développer peu d’auto-conscience de ses propres limites. C’est pourquoi, il est possible qu’aujourd’hui l’humanité ne se rende pas compte de la gravité des défis qui se présentent, et « que la possibilité devienne sans cesse plus grande pour l’homme de mal utiliser sa puissance » […] l’homme est nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler. Il peut disposer de mécanismes superficiels, mais nous pouvons affirmer qu’il lui manque aujourd’hui une éthique solide, une culture et une spiritualité qui le limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide. LS 105
(voir aussi le chapitre III de Laudato Si’)
La destruction est un péché
« Que les hommes détruisent la diversité biologique dans la création de Dieu ; que les hommes dégradent l’intégrité de la terre en provoquant le changement climatique, en dépouillant la terre de ses forêts naturelles ou en détruisant ses zones humides ; que les hommes polluent les eaux, le sol, l’air : tout cela, ce sont des péchés ». En effet, « un crime contre la nature est un crime contre nous-mêmes et un péché contre Dieu ». Patriarche Bartholomée, Message pour la Journée de prière pour la sauvegarde de la création 2012
La crise est un temps de discernement
« Le mot « crise » vient du grec krisis, qui évoque le pouvoir de discerner. Nous sommes dans un temps où la nécessité de discernement est vraiment unique dans l’histoire de notre espèce. Nous sommes invités à réfléchir à ce qui est vraiment essentiel. Pour nous individuellement, pour les collectifs auxquels nous appartenons, pour nos enfants et les enfants de nos enfants, pour les autres vivants, humains et non-humains, de cette planète. Alors non, après réflexion, je ne crois pas que nous puissions nous taire, puisque nous savons. Un silence, même méthodologique, serait une forme de complicité avec le laisser-faire ; or, refuser de coopérer avec le mal est l’une des formulations possibles de la visée éthique. Finalement, je vais continuer à parler de l’urgence écologique et climatique.» Corinne Bitaud RCF, 15/10/2024
L’éthique devrait être plus large
« La grande lacune de l’éthique jusqu’à présent est qu’elle croyait n’avoir affaire qu’à la relation de l’homme à l’égard des humains. Mais en réalité, il s’agit de son attitude à l’égard de l’univers et de toute créature qui est à sa portée. L’homme n’est moral que lorsque la vie en soi, celle de la plante et de l’animal aussi bien que celle des humains, lui est sacrée, et qu’il s’efforce d’aider dans la mesure du possible toute vie se trouvant en détresse. Seule l’éthique universelle du sentiment de la responsabilité élargie, étendue à tout ce qui vit, peut se fonder solidement sur la pensée. L’éthique du comportement de l’homme envers les humains n’est qu’un fragment d’éthique.» Albert Schweitzer, Ma vie et ma pensée, trad. Jean-Paul Sorg [Aus meinem Leben und Denken, Meiner, 1931], Gunsbach, AISL, 2017, p. 98
L’homme souffre de sa prise de pouvoir
« La technique et l’industrie ont transformé l’homme de telle manière qu’il est, plus que jamais, mécanisé, soumis aux lois de ses propres instruments – et par conséquent davantage bousculé, davantage nerveux, davantage perdu dans la masse. Il souffre de cette relative hypertrophie de ses relations de maître envers la nature, ce qui a très souvent comme conséquence une atrophie de ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’homme moderne est difforme. Il devient une fonction et un produit de ses propres travaux. Il était esclave de la nature, il est esclave de son pouvoir sur la nature. » section IX, Foi chrétienne et technique « Dieu dans la nature et dans l’histoire », document de la commission Foi et Constitution du COE datant de début 1967
Élargir le champ de l’écologie
« Partout se fait jour une prise de conscience qu’on peut qualifier d’élémentaire et qui se cristallise autour du mot « survie » : il ne s’agit rien moins que de la pure et simple survie de l’homme et de l’humanité. On voit aussi de plus en plus que tout est ici lié : le monde extérieur et le monde intérieur, le milieu autour de nous et le milieu en nous, le monde et le cœur. […] la cosmologie, regard que l’homme tourne vers le large, doit être contenue par l’écologie, ce regard que l’homme tourne vers le petit espace de sa vie dans ses liens avec ce que nous appelons nature.» Gérard Siegwalt, « Ecologie et théologie – en quoi les problèmes d’environnement concernent-ils notre pensée, notre foi et notre comportement ? », Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 54e année n°3, 1974, p. 341-365
Entendre et faire entendre le cri de la Création
« S’appuyant sur la foi au Dieu créateur et en Jésus-Christ, sur sa compréhension de la place de l’humain, et sur l’héritage prophétique qui anime sa tradition, l’Église protestante unie de France estime qu’il est de sa responsabilité théologique de faire entendre le cri de la création (Rm 8,18-30) au regard de la situation écologique actuelle. Elle se repent pour ses manquements vis-à-vis du projet créateur de Dieu, et vis-à-vis de la relation de service et de respect due à la création, une relation trop souvent interprétée comme une domination sans limite. Elle reconnaît les complicités et les passivités des Églises face à la dégradation des environnements naturels et sociaux sur la terre. Elle témoigne également du pardon de Dieu, qui nous libère de la culpabilité, de la peur de l’avenir, de l’angoisse de la fin d’un monde et nous permet l’espérance. Elle reçoit un appel à une conversion personnelle, ecclésiale et sociétale au service de la création.» Église protestante unie de France, Écologie : quelle(s) conversion(s) ? Décision du Synode National de Sète, octobre 2021
Le soin aux plus fragiles
« Dans ma mission, le terme de diaconie est à comprendre comme solidarité : il s’agit d’être au service des plus fragiles. Le cri des pauvres et le cri de la terre, tels qu’évoqués dans l’encyclique Laudato si’ (2015) sont liés l’un à l’autre. On ne peut pas entendre l’un sans l’autre. On aurait parfois tendance à les opposer : le soin de la planète serait-il réservé à ceux qui en ont les moyens ? Non ! Si je vais d’abord vers les pauvres, je reconnais leur besoin d’une vie digne qui touche aux enjeux de notre maison commune. Ici, dans le Jura, ou à l’échelle de la planète, les pauvres sont les premières victimes des injustices sociales et climatiques. Les deux dimensions de ma mission font sens. » Étienne Faure, délégué épiscopal pour la diaconie et l’écologie intégrale du diocèse de Saint-Claude.
Questions
Nous faisons figurer ici les questions proposées par The Week et celles que nous avons imaginées. Il est important de n’en conserver qu’une ou deux en plus de celle sur les émotions.
Questions proposées par The Week
“Raconte-moi ce qui t’a le plus marqué aujourd’hui.” Qu’est-ce que vous diriez ? OU ALORS : Dans votre vie personnelle et professionnelle, est-ce que la logique du “Toujours plus” est présente par moments ? Et comment ?
Propositions de questions pour un contexte chrétien
- Comment vous sentez-vous après cette vidéo ? Quelle émotion domine ? Qu’est ce qui vous a touché / marqué dans la vidéo ?
- Quelle attitude chrétienne cet épisode vous inspire-t-il ?
- A quel épisode biblique pensez-vous en regardant cette vidéo ? Quel parallèle et quelle différence pouvez-vous faire avec la situation actuelle ? Cela vous inspire-t-il ?
Rencontre 3 : passons à l’action
Propositions de textes bibliques
Va avec la force que tu as
« Le Seigneur se tourna vers lui [Gédéon] et dit : « Va avec cette force que tu as et sauve Israël de Madiân. Oui, c’est moi qui t’envoie ! » Mais Gédéon lui dit : « Pardon, mon seigneur, comment sauverai-je Israël ? Mon clan est le plus faible en Manassé, et moi, je suis le plus jeune dans la maison de mon père ! » Le Seigneur lui répondit : « Je serai avec toi, et ainsi tu battras les Madianites tous ensemble. » Jg 6, 14-16
(voir aussi Esd 10,4)
Demandez, on vous donnera
« Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe on ouvrira. » Mt 7, 7-8
Celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais
« Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; et si vous ne croyez pas ma parole, croyez du moins à cause de ces œuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père. Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. » Jn 14, 11-14
Tout mettre en commun
« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme, et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun. Une grande puissance marquait le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce était à l’œuvre chez eux tous. Nul parmi eux n’était indigent : en effet, ceux qui se trouvaient possesseurs de terrains ou de maisons les vendaient, apportaient le prix des biens qu’ils avaient cédés et le déposaient aux pieds des apôtres. Chacun en recevait une part selon ses besoins. » Ac 4, 32-35
(Voir aussi : Rm 8, 18-25, Col 1, 12-20)
Propositions de textes chrétiens
Les chrétiens doivent se préoccuper du problème
« Les hommes et les femmes qui n’ont pas de convictions religieuses particulières reconnaissent aussi leur devoir de contribuer à l’assainissement de l’environnement, de par le sens qu’ils ont de leurs responsabilités à l’égard du bien commun. À plus forte raison, ceux qui croient en Dieu créateur et qui sont convaincus, par conséquent, de l’existence dans le monde d’un ordre et d’une finalité de la création et leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi. C’est pourquoi ils sont conscients du vaste domaine de collaboration œcuménique et inter-religieuse qui s’ouvre devant eux. » Jean-Paul II – Message pour la journée mondiale de la paix 1990, n°15
Maison commune
« L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous. Celui qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l’existence des autres. Pour cette raison, les Évêques de Nouvelle Zélande se sont demandés ce que le commandement « tu ne tueras pas » signifie quand « vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle manière qu’ils volent aux nations pauvres, et aux futures générations, ce dont elles ont besoin pour survivre » ». LS 95
« Il y a tant de choses que l’on peut faire ! » LS 180 (pour les pistes concrètes voir tout le paragraphe)
Le cercle vertueux de l’action
« Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent sur cette terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible. En outre, le développement de ces comportements nous redonne le sentiment de notre propre dignité, Il nous porte à une plus grande profondeur de vie, il nous permet de faire l’expérience du fait qu’il vaut la peine de passer en ce monde. » LS 212
(Voir aussi LS80, 223)
Racines spirituelles de la crise
« Les Églises chrétiennes ont des apports spécifiques mais dans le cadre d’un engagement avec les autres acteurs religieux, car la crise est « spirituelle ». La raison en est que le climat n’est pas seulement une question technique, économique ou politique. Autrement dit, ce n’est pas seulement une crise du faire, mais une crise de l’être, aussi “bien individuel que collectif. Cela concerne le sort de l’Humanité, de ce qui nous fait humains”.» Martin Kopp, in “L’engagement des Églises dans la cause du climat” Études 2019/1 pp.73-82
Considérer la nature comme notre sœur
« Aux moments de crise intérieure, la nature aide l’homme à se retrouver lui-même. Actuellement l’homme vit dans une culture qui lui a fait courir le risque de sous-estimer ce rôle primordial de la nature dans la vie humaine. La nature est à tel point devenue sa servante qu’il oublie qu’elle est aussi sa sœur. […] Sur ce point l’Église ne devrait pas se borner à moraliser en hochant la tête ; elle devrait aider nos générations bornées à expérimenter de façon nouvelle les richesses bienfaitrices de notre sœur nature. » section VI, La nature et l’homme« Dieu dans la nature et dans l’histoire », document de la commission Foi et Constitution du COE datant de début 1967
Conversion écologique du christianisme
« Il est évident que le christianisme a une responsabilité à assumer. Il est fondé, théologiquement, et énoncé, par les Églises (des synodes ou des assemblées à l’encyclique Laudato Si’), que notre vocation et notre responsabilité sont d’aimer toutes les créatures, de servir et de protéger le créé, de cohabiter sur Terre. La question est plutôt celle de la réception du Dieu Créateur et de la valeur propre des créatures dans les cœurs, les âmes, les forces et les intelligences. Autrement dit, de la réalité de la « conversion écologique » – qui n’est ni un retour à Gaïa ni un panthéisme. Avons-nous bien ouvert notre foi à l’horizon créationnel ? Avons-nous vivifié la relation au Créateur ? Avons-nous intégré le soin du vivant et de notre maison commune à notre chemin de sanctification ? » Martin Kopp Face à la rupture écologique, une radicalité chrétienne ? in La Croix 28/08/2023
La révolution de la contemplation
« Dans Autopsie de la révolution, un livre publié juste après mai 1968, dans un climat d’activisme révolutionnaire, [Jacques Ellul] écrit ceci : « Le plus haut point de rupture envers cette société technicienne, l’attitude vraiment révolutionnaire, est l’attitude de contemplation, au lieu de l’agitation frénétique. » La contemplation est en effet révolutionnaire en ce qu’elle s’inscrit radicalement à contre-courant de la société technicienne, et manifeste ainsi avec la plus grande vigueur le véritable sens de l’engagement dégagé. Tel est l’insigne paradoxe de l’engagement qui se déprend de ses propres équivoques, aux yeux de Jacques Ellul : le véritable engagement se traduit finalement par la contemplation.» Frédéric Rognon, Le défi de la non-puissance – L’écologie de Jacques Ellul et Bernard Charbonneau, Lyon, Olivétan, 2020, p. 152
Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre
« Parmi les Béatitudes, Jésus nous dit : Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre. Débonnaires, ceux qui n’ont pas l’esprit de puissance et de violence, ceux qui ne cherchent pas à dominer, ceux qui obéissent à ce sermon sur la montagne et donnent leur tunique à celui qui prend leur manteau, ceux qui ont le cœur humble et ne défendent pas leur « droit ». Or, très nettement, c’est à eux, et à eux seuls, que la terre sera finalement donnée. Précisément parce qu’ils ne la dévasteront pas, qu’ils la respecteront. […] Cette Béatitude inverse exactement ce que l’on a normalement l’habitude de penser : la terre est à celui qui l’occupe et la conquiert. Elle nous rappelle que seul le Seigneur est maître et il la donne à qui il veut.» Jacques Ellul, « Le rapport de l’homme à la création selon la Bible », Foi et Vie n°5-6, 1974, p. 137-155
La restauration de toutes choses
« La nouvelle création de toutes choses commence avec l’élévation du Christ à la seigneurie au-dessus de « toute Autorité, Pouvoir, Puissance, Souveraineté » (Ep 1,21). Le Christ élevé reçoit toute puissance au ciel et sur la terre afin de tout conduire vers le monde nouveau de Dieu. On l’appelle aussi « la restauration de toutes choses ». Le Christ cosmique non seulement emplit de la paix tous les espaces de la création, mais il emplit aussi de sa vie éternelle tous les temps des créatures. Rien ne se perd, rien n’est oublié, tout ce qui était est ramené, ajusté et rassemblé dans la vie du monde à venir. L’espérance chrétienne de la résurrection est la seule espérance qui promet au passé un avenir. » Jürgen Moltmann, « L’écologie ou la capacité d’aimer », Lumen vitae LXXIII(4), 2018, p. 399-409, trad. A. von Kirchbach in Christophe Monnot et Frédéric Rognon, La nouvelle théologie verte, Genève, Labor et Fides, 2021, p. 120-121.
Questions
Question proposée par The Week
Imaginez-vous dans 10 ans. Vous êtes fière/ fier du chemin parcouru. Je suis fier/ fière : d’avoir fait telle action, d’avoir arrêté ceci ou cela. Et en plus, cette aventure m’a apporté : des nouvelles amitiés, plus de sens, la sensation d’être utile, de faire des choses importantes…
Propositions de questions
- Comment vous sentez-vous après cette vidéo ? Quelle émotion domine ? Qu’est ce qui vous a touché / marqué dans la vidéo ?
- A quel épisode biblique pensez-vous en regardant cette vidéo ? Quel parallèle et quelle différence pouvez-vous faire avec la situation actuelle ? Cela vous inspire-t-il ?
- Comment imaginer et rêver ensemble, notre société afin qu’elle devienne et pour longtemps viable, fraternelle et joyeuse ?
A l’issue de cette dernière soirée, vous pouvez prévoir un temps où chacun mettra par écrit son Espérance pour la vie sur terre dans les prochaines années, une action concrète à mettre en œuvre et préciser quelle pratique nuisible à la création sera abandonnée. Il est également possible de proposer une action commune.
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Nous remercions les contributeurs et relecteurs du complément spirituel : Anne Doutriaux (Mouvement Laudato Si’), Corinne Bitaud (Église Protestante Unie de France), Adrien Louandre (Secours Catholique Caritas France), Marcel Rémon (CERAS), Sarah Foxx (Commission écologie – justice climatique de la Fédération protestante de France), Gilbert Landais (Chrétiens Unis pour la Terre) et Rachel Calvert (A Rocha).